La République Centrafricaine for g7+ 6th Ministerial Meeting in Timor-Leste

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La République Centrafricaine for g7+ 6th Ministerial Meeting in Timor-Leste

DILI, 11 AVRIL 2025

Madame la Présidente,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

 

Permettez-moi de vous transmettre les salutations chaleureuses de Son Excellence Madame Sylvie NOTEFE née Baïpo-Temon, Ministre des Affaires Étrangères de la République Centrafricaine, qui aurait souhaité être parmi nous aujourd’hui, mais qui a dû faire face à une urgence de dernière minute. Elle m’a instruit de la représenter et d’adresser ses vœux les plus sincères au peuple du Timor-Leste ainsi qu’à l’ensemble des membres du G7+, en réaffirmant son attachement aux valeurs qui nous unissent.

 

Je voudrais exprimer mes sincères remerciements à la République Démocratique de Timor-Leste pour son accueil les plus chaleureux ainsi que pour l’organisation exemplaire de cette importante réunion ici à Dili.

 

C’est un véritable privilège de me trouver dans ce pays magnifique, dont la beauté naturelle n’a d’égal que la résilience et la dignité de son peuple. Le Timor-Leste incarne avec force l’esprit de paix et de détermination, ayant su, en dépit des épreuves de son histoire, tracer avec courage et sagesse la voie vers la démocratie, le développement et la solidarité régionale.

 

Je tiens également à féliciter la Présidence Sierra léonaise et le Secrétariat du G7+ pour leur leadership et le travail remarquable de coordination réalisé. Cette rencontre illustre notre engagement commun à renforcer la solidarité entre nos pays fragiles, à promouvoir la paix, la stabilité et un développement durable.

 

Madame la Présidente,

Nous vivons une époque de transition, où le monde s’éloigne progressivement d’un système unipolaire pour entrer dans une ère de multipolarité et Nous devons saisir cette transition mondiale comme une opportunité historique d’affirmer un leadership collectif du Sud global, en démontrant que les pays dits fragiles ne sont pas des sujets d’assistance, mais des acteurs de solutions globales, porteurs d’approches innovantes face aux défis mondiaux.

Cette nouvelle dynamique offre à nos pays, une opportunité sans précédent de redéfinir notre place dans l’ordre mondial, en nous appuyant sur nos expériences, nos voix collectives, et notre capacité à proposer des solutions enracinées dans nos réalités.

 

Il nous appartient, en tant que membres du G7+, de capitaliser sur cette évolution, de renforcer nos partenariats Sud-Sud, et de faire entendre notre vision d’un multilatéralisme inclusif, équitable, et respectueux de la souveraineté de chacun.

 

C’est dans cet état d’esprit que je m’inscris pour vous partager les évolutions en RCA à l’auré des 15 ans de notre organisation commune.

Madame la Présidente,

 

Il y a plus de 10 ans, en 2013, la RCA traversait la plus grande crise de son histoire. Dans ces moments très sombres, la solidarité internationale ne nous a jamais fait défaut.

 

Timor leste et le G7+ n’ont pas fait exception à cette règle. Vos soutiens à nos efforts de consolidation d’un dialogue pour la paix et la préparation du Forum de Bangui en 2015 associé au suivi des progrès de sa mise en œuvre et du succès des élections présidentielles et législatives de 2016 auxquelles, vous avez grandement contribué ont porté leur fruit.

 

C’est donc avec un réel plaisir que je me tiens devant vous aujourd’hui pour vous dire que la République centrafricaine va mieux, beaucoup mieux même si de nombreux défis subsistent.

 

Accord de paix

Cette évolution positive est le reflet de la volonté du peuple centrafricain mais surtout, de la détermination sans faille de S.E. Pr Faustin Archange TOUADERA, Président de la République, Chef de l’État et du Gouvernement de tendre la main aux groupes armés mais surtout, de privilégier le dialogue comme seule voie de sortie de crise pouvant mener à une paix durable et un développement harmonieux, soutenu et durable.

 

C’est dans cette logique que s’inscrit la mise en œuvre du processus conjoint de l’accord politique pour la paix et la réconciliation de février 2019 et la feuille de route de Luanda de 2021 qui nous a permis d’accomplir des progrès considérables dans la quête de la paix et du renforcement de l’autorité de l’État.

 

Grâce aux efforts conjugués du gouvernement, des partenaires bilatéraux et multilatéraux dont la MINUSCA, neuf (9) des quatorze (14) groupes armés ont solennellement annoncé leur dissolution.

 

Le défi qui s’ouvre désormais est celui de la réintégration socio-économique durable de ces ex-combattants. La République Centrafricaine développe, à cet effet, des mécanismes innovants d’insertion locale, avec un accent particulier sur les chaînes de valeur agricole, l’artisanat et les infrastructures à haute intensité de main d’œuvre, pour transformer ces trajectoires de violence en trajectoires de développement.

 

Les opérations de DDRR ont permis de désarmer et démobiliser 7000 combattants et 2000 dissidents de la CPC et récupérer près de 20 000 armes de tous calibres collectées. Tout le monde s’accorde aujourd’hui sur le succès de ce processus qui doit être pérennisé.

Dimension régionale et gestion des frontières

Madame la Présidente,

 

Ce sont là des avancées historiques qui démontrent que le dialogue, l’engagement collectif et la volonté politique sont les piliers fondamentaux de la pacification du pays. Dans le même ordre d’idée, la RCA met l’accent de plus en plus sur des solutions sous régionales à la résolution du conflit. A cet effet, elle a signé le 15 Juin 2023, un accord quadripartite avec la RDC, le Soudan du Sud et l’Ouganda ayant permis le rapatriement de 140 ex combattants de la LRA et leurs familles dans leur pays d’origine, l’Ouganda. Dans la même dynamique, nous poursuivons le dialogue avec tous nos pays voisins dans le cadre des commissions mixtes.

 

Cette orientation régionale s’inscrit dans une logique stratégique de sécurité partagée et d’intégration sous-régionale. L’approche par la coopération transfrontalière constitue une réponse endogène et intégrée aux dynamiques de conflits résiduels et de fragilité chronique.

 

Du 21 au 22 Octobre 2024 s’est tenu à Bangui, les travaux de la 15 èmegrande commission mixte de coopération entre la RCA et le Tchad. Ces travaux se sont conclus par la signature d’accords portant sur les consultations politiques régulières et le règlement des conflits, en matière de sécurité, sur le rapatriement des réfugiés ainsi qu’un accord pour la création d’une force mixte de sécurisation des frontières. La mise en œuvre de cette dernière a permis la réouverture des frontières entre les deux pays restés fermés depuis 2014.

 

Ces initiatives associées à celle de la mise en œuvre de la politique nationale des gestions des frontières avec l’appui de la MINUSCA sont cruciales, pour nous permettre de juguler à terme les menaces qui pèsent sur nos frontières, favoriser le retour paisible des réfugiés et de promouvoir un commerce transfrontalier durable au bénéfice de la paix et de l’épanouissement de nos populations.

 

Nous attendons du G7+ de nous aider dans le plaidoyer sur la question des frontières et de la sécurité qui demeurent une préoccupation majeure. Malgré des avancées notables en matière de stabilisation interne, la République Centrafricaine continue de faire face à des défis sécuritaires persistants, notamment dans les zones frontalières avec le Soudan. Ces espaces, souvent faiblement contrôlés et éloignés des centres de décision, restent vulnérables à l’infiltration de groupes armés transnationaux. Ces derniers exploitent les porosités frontalières pour mener des incursions, alimenter les trafics illicites, et saper les efforts de pacification entrepris par l’État.

Restauration de l’autorité de l’Etat

Madame la Présidente,

 

La restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national s’est consolidée grâce aux efforts conjugués dans la mise en œuvre de la politique nationale de sécurité et la stratégie nationale de la réforme du secteur de sécurité (RSS). La montée en puissance de nos forces de défense et de sécurité est bien réelle par une augmentation des effectifs des FACA qui est passé de 7000 en 2016 à 23000 en 2024 et les effectifs des forces de sécurités intérieures gendarmes et policiers ont été respectivement doublé et triplé avec un travail de maillage territorial qui se fait en tenant compte des différentes contraintes.

La levée totale de l’embargo sur les armes par le Conseil de sécurité des Nations Unies en Juillet 2024 avec le soutien du Groupe A3 après plusieurs années de restrictions, consacre les efforts de la RCA en matière de la RSS et lui permet d’asseoir sa souveraineté sur son territoire et à exercer pleinement ses responsabilités régaliennes. Nos forces de défense et de sécurité pourront désormais s’équiper de manière adéquate pour protéger les populations et les frontières, dans le respect du droit international.

Election locale

 

Cette restauration de l’autorité de l’Etat s’est également consolidée par la mise en œuvre de notre politique nationale de décentralisation et de régionalisation. Nous avons procédé à la réorganisation des circonscriptions administratives du pays en plaçant chacune des sept régions sous l’autorité d’un Gouverneur. Les nombres de préfectures et de sous-préfectures ont été augmentés pour affirmer la volonté du Président de la République de rapprocher l’administration des administrés.

 

Le clou de cette vision sera l’organisation des élections locales et régionales prévues en Août 2025. Elles sont le fruit des recommandations du dialogue à la base de 2015 et de celui de l’APPR dont la décentralisation constitue un des engagements clé. Elles sont une réelle priorité après plus de trois décennies d’absence de représentation locale. Il s’agit d’un jalon fondamental et un levier non seulement pour restaurer l’autorité publique mais aussi, au service de la promotion de l’egalité Homme-femme, au service de l’inclusion et au service de la décentralisation du processus politique et de paix que nous souhaitons.

 

Ces élections seront une pierre angulaire dans la construction d’un nouveau contrat social fondé sur la participation citoyenne, l’équité territoriale et l’autonomisation des collectivités. Elles constituent un moment fondateur pour refonder la gouvernance sur les principes de proximité, de redevabilité et d’inclusion, en particulier des femmes et des jeunes.]

 

Le principal défi pour atteindre cet objectif est le gap financier de 7 millions de dollars non encore comblé. La RCA poursuit son plaidoyer auprès de ces différents partenaires pour mobiliser les fonds nécessaires. Elle à elle-même consenti des efforts budgétaires considérables pour financer ce processus. Nous lançons un appel au G7+ afin qu’il nous accompagne dans la réalisation de ce plaidoyer.

C’est le lieu pour moi, de saluer chaleureusement la présence parmi nous de Madame Elisabeth Spehar, Secrétaire générale adjointe chargée du bureau d’appui à la consolidation de la paix, dont l’engagement constant à nos côtés mérite d’être souligné. Son implication personnelle dans le travail considérable de plaidoyer mené à New York en juillet 2024 auprès de certains États membres des Nations Unies pour la mobilisation de ressources pour les élections locales en RCA, témoigne d’un véritable engagement en faveur de la paix et de la solidarité internationale. Nous lui en sommes profondément reconnaissants.

 

Le Fond de Consolidation de la Paix joue un rôle déterminant dans le soutien aux efforts de stabilisation et de relèvement en République Centrafricaine tant sur le plan de la mise en œuvre de notre plan sectoriel de justice, que sur le plan de la sécurité et du soutien à la résilience des personnes vulnérables parmi lesquelles les femmes, les jeunes et les minorités.

 

L’impact très positif des actions de ce fonds doit nous mobiliser tous à travailler à sa pérennisation.

Climat et paix

Madame la Présidente,

 

La RCA subit de plein fouet les conséquences socio-économiques du changement climatique. Les inondations saisonnières ont entraîné des niveaux élevés d’insécurité alimentaire renforçant la vulnérabilité de nos populations dû à la baisse de rendement de nombreuses cultures.

L’accélération de la désertification aggrave les disparitions de pâturages et des terres arables dans le nord et alimente les conflits entre agriculteurs et éleveurs en lien avec la transhumance.

 

Nous devons œuvrer davantage en faveur de la mise en oeuvre du nexus climat, paix et développement par la création d’une synergie entre adaptation climatique et consolidation de la paix afin d’absorber de manière holistique, les vulnérabilités liées au changement climatique ainsi que la fragilité et les risques de conflit.

Justice

Madame la Présidente,

La paix et la justice sont comme les deux ailes d’un oiseau : l’une ne peut porter l’espoir sans l’autre. Alors que la République Centrafricaine reconstruit patiemment son tissu social et institutionnel, nous avons 7 pleinement conscience que l’enracinement durable de la paix passe nécessairement par l’établissement d’une justice accessible, crédible et efficace. C’est pourquoi notre pays s’est engagé avec détermination dans l’opérationnalisation des palais de justice, le recrutement et la formation de nouveaux magistrats, greffiers et agents pénitentiaires. Trois tribunaux militaires ont été établis marquant une avancée significative dans la restauration de l’autorité judiciaire sur l’ensemble du territoire.

 

La RCA appelle également à une meilleure synergie entre les juridictions nationales et les mécanismes internationaux de justice, pour garantir que la lutte contre l’impunité s’inscrive dans un cadre normatif cohérent et soutenu par la coopération juridique transnationale.]

 

Par ailleurs, la lutte contre l’impunité est devenue une priorité nationale, traduite par l’organisation régulière de sessions criminelles par les cours d’appel, ainsi que par la Cour Pénale Spéciale (CPS). Les menaces qui pèsent sur le financement de la CPS sont un sujet de préoccupation qui nécessite notre mobilisation.

 

Les tribunaux correctionnels et les juridictions militaires tiennent également des audiences de manière constante, renforçant la confiance des citoyens dans l’État de droit. Comme l’arbre qui puise ses racines dans une terre juste pour s’épanouir en paix, notre nation a choisi de faire de la justice un fondement inébranlable de sa reconstruction.

Humanitaire

Madame la Présidente,

 

Sur le plan humanitaire, la République Centrafricaine a œuvré sans relâche pour faciliter le retour de 241 000 personnes déplacées internes, en leur assurant un accompagnement vers une réinstallation durable et digne.

 

De plus, nous avons soutenu le retour de 51 406 réfugiés, en partenariat avec les organisations humanitaires. L’ambition de la République Centrafricaine est de poursuivre ces efforts afin de permettre le retour et la réintégration de 300 000 réfugiés d’ici à 2028. Dans cette optique, un Plan de Réponse Humanitaire a été adopté en janvier dernier, visant à répondre aux besoins urgents de 1 800 000 de nos citoyens les plus vulnérables. Sa mise en œuvre nécessitera une mobilisation de 367 millions de dollars.

 

Cependant, nous plaidons pour un humanitarisme de transition qui ne se limite pas à la réponse d’urgence, mais qui prépare activement le terrain à une reprise économique durable, à travers des programmes de stabilisation à fort impact communautaire.

PND

Madame la Présidente,

 

Les défis nombreux auxquels notre monde fait face aujourd’hui réduit de jour en jour les ressources internationales disponibles. Consciente des conséquences de ces externalités négatives, la RCA se tourne résolument vers un changement de paradigme dans lequel le développement doit être le moteur de sa résilience. C’est dans cette dynamique qu’en septembre 2024, la RCA a adopté un Plan National de Développement 2024–2028, fruit d’un processus inclusif et souverain.

 

Ce plan est l’incarnation d’un leadership transformationnel qui replace la République Centrafricaine au centre de son propre développement. Il ne s’agit pas simplement d’un outil de planification, mais d’un manifeste de souveraineté économique et de reconfiguration partenariale.] Il incarne notre volonté d’assumer pleinement la direction du développement national et d’aligner l’aide internationale sur les priorités définies par et pour notre peuple. Structuré autour de cinq axes clés issus d’un dialogue national approfondi, le PND réaffirme notre leadership en matière de planification, de coordination et de mise en œuvre. Nous appelons nos partenaires à s’y inscrire résolument, dans un esprit d’harmonisation et de renforcement des capacités locales. A ce titre la levée totale de restrictions dans le cadre du processus de Kimberley qui pesaient sur nos exportations de diamant est un atout supplémentaire pour l’atteinte de notre objectif.

 

Madame la Présidente,

Pour finir, Je retiens de notre inspirante session d’ouverture de ce matin, l’importance de l’appropriation et la mise en œuvre des engagements clés.

 

Avec le pacte du futur et ses annexes, nous avons là, un exemple d’engagements clés, Le G7+ doit désormais se l’approprier et s’ériger en plateforme de diplomatie transformatrice, en influençant l’agenda global sur les normes de financement du développement, la réforme de la  gouvernance mondiale et la reconnaissance des vulnérabilités spécifiques aux États en transition. Ensemble, nous devons faire du G7+ une force de proposition et d’innovation géopolitique.

 

Je vous remercie.

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