La République Démocratique du Congo for g7+ 6th Ministerial Meeting in Timor-Leste

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La République Démocratique du Congo for g7+ 6th Ministerial Meeting in Timor-Leste

À la 6ème Réunion Ministérielle du g7+ à Dili, République du Timor-Leste

Excellence Monsieur le premier ministre du Timor-Leste

Excellence Madame la Ministre du plan et du développement économique de sierre leone et presidente de seance

Excellence Monsieur le Ministre des affairs Étrangères et coopération du timor leste

Mesdames et Messieurs les Ministre, les vice ministres et Ambassadeurs,
Distingués invités,

Permettez-moi, avant toute chose, d’exprimer la profonde gratitude du Gouvernement de la République Démocratique du Congo au Gouvernement et au peuple frère de la République du Timor-Leste pour l’accueil chaleureux et l’organisation exemplaire de cette 6ème réunion ministérielle du g7+. Votre hospitalité et votre engagement en faveur du dialogue et de la coopération témoignent de l’esprit de solidarité qui anime notre communauté du g7+.

C’est un honneur, pour la République Démocratique du Congo, de participer à cette rencontre. Elle nous offre une précieuse opportunité de réflexion collective, de partage d’expériences et de renforcement des synergies pour la paix, la résilience et le développement durable de nos nations respectives.

Mesdames et Messieurs,
Je prends la parole aujourd’hui avec gravité et responsabilité, pour porter à votre connaissance une situation préoccupante qui menace non seulement la stabilité de la République Démocratique du Congo, mais également celle de toute la région des Grands Lacs. Il s’agit de la guerre d’agression menée par le Rwanda, à travers ses supplétifs du M23/AFC, contre mon pays.

Cette agression s’inscrit dans un contexte historique complexe, nourri par des ambitions géopolitiques, des convoitises économiques, des tensions identitaires et des manipulations régionales. Depuis près de 3 décennie, le peuple congolais subit les conséquences tragiques de l’activisme de ces groupes armés soutenus par le Rwanda: massacres, déplacements massifs, violences sexuelles, pillages de ressources naturelles, et violations graves des droits humains.
Pendant des années, la République Démocratique du Congo a pris la parole.
Par des livres blancs, des conférences internationales, des romans, des essais, des cris lancés à travers les pages et les tribunes — elle a parlé, elle a supplié, elle a dénoncé.

Mais a-t-elle été entendue ?
A-t-elle seulement été écoutée ?
Depuis plus de trente ans, la RDC lutte, résiste, endure, face à une violence qui nie jusqu’à son droit d’exister avec dignité.

Et dans cette épreuve interminable, une question douloureuse persiste, :

sur qui ose-t-elle compter ?

Quand tant d’autres, hier encore, ont compté sur elle…

À l’Est de notre territoire, ce n’est pas une guerre ordinaire qui se déroule sous nos yeux. C’est un crime massif, organisé, silencieux.

Et j’emploie le mot avec tout le poids qu’il contient : c’est un génocide.

Un génocide mené avec préméditation, avec méthode, avec cynisme.

Un génocide porté par le Rwanda et ses supplétifs du M23/AFC —

une armée sans drapeau mais bien équipée, sans uniforme mais parfaitement coordonnée.

Il ne s’agit pas d’un conflit de communautés.

Il ne s’agit pas d’un choc culturel ou d’un contentieux historique.

C’est une guerre d’avidité.

Une guerre pour arracher, piller, exploiter.

C’est la captation brutale de nos richesses, de ces trésors enfouis dans notre sol qui nourrissent l’économie numérique mondiale et les industries stratégiques :

le coltan, le cobalt, l’or, le cuivre…

Ces minerais qui donnent vie à vos téléphones, vos véhicules électriques, vos satellites, vos armements.

Ce conflit n’est pas local.

Il est mondial dans ses causes. Et il le sera dans ses conséquences.

Mesdames et Messieurs

Il y a des douleurs qu’aucun mot ne peut apaiser. Des plaies si profondes qu’elles finissent par se confondre avec le silence du monde. Ce que vit aujourd’hui la République Démocratique du Congo dépasse l’entendement, dépasse même la compassion. C’est une tragédie à ciel ouvert que beaucoup refusent de voir.

Ce n’est pas une guerre comme les autres. C’est une saignée lente, méthodique, organisée. Ce n’est pas seulement une affaire africaine. C’est une faille dans la conscience collective de l’humanité.

Et pourtant… si peu de regards. Si peu de voix.

Une indifférence pesante. Un silence bien trop confortable pour ceux qui, ailleurs, ont les moyens d’agir.

Ce n’est pas parce que nous sommes loin que notre souffrance doit être minimisée.

Ce n’est pas parce que nos visages sont noirs que nos larmes ont moins de valeur.

Ce n’est pas parce que nos tombes ne sont pas filmées qu’elles n’existent pas.

Pendant que l’on détourne les yeux, un pays est mis à genoux. Des enfants sont arrachés à leurs mères. Des villages sont rasés. Des vies sont piétinées. Pour quoi ?

Pour la convoitise. Pour les entrailles d’une terre riche. Pour nourrir des ambitions sans scrupule.

Et ceux qui orchestrent ce chaos ne se cachent même plus.

Ils avancent masqués d’histoire et de mémoire, en prétendant être les seuls à souffrir.

Mais la mémoire ne peut pas servir de couverture à l’oppression.

Le passé ne peut pas justifier l’horreur du présent.

Ceux qui manipulent, exploitent, ordonnent, ne versent aucune larme.

Ceux qui pillent ne saignent jamais. Ce sont toujours les mêmes qui paient, qui fuient, qui enterrent sans comprendre.

J’ai moi-même connu les conséquences de ma parole. J’ai vu des regards se détourner. J’ai senti la menace, senti la peur.

Mais je suis ici. Non pas parce que je suis forte, mais parce que je n’ai pas le droit de me taire.

Ce que nous vivons, nous ne le méritons pas.

Et ce que nous attendons, ce n’est pas la pitié.

C’est la reconnaissance de notre humanité.

Le Congo n’est pas un terrain vague où l’on vient se servir.

C’est une terre fière, une nation debout, un peuple qui n’a jamais cessé de croire malgré les coups.

Nous n’avons pas besoin de discours bienveillants.

Nous avons besoin d’actes. De courage. De vérité.

Si nous tendons encore la main, ce n’est pas par faiblesse. C’est par foi en la paix.

Mais nul ne doit penser que cette main tendue est éternelle.

Un peuple ne peut tendre la main indéfiniment à ceux qui la laissent dans le vide.

Mesdames et Messieurs

Face à cette menace, la RDC n’a cessé de réaffirmer son attachement au dialogue et aux mécanismes de paix régionaux. Elle a pleinement soutenu les processus de Nairobi et de Luanda, qui constituent des cadres pertinents pour une sortie de crise par la voie diplomatique. Le processus de Nairobi favorise un dialogue inclusif entre le gouvernement et les groupes armés locaux, tandis que celui de Luanda engage les États de la région dans une démarche intergouvernementale visant à désamorcer les tensions et garantir le respect mutuel de la souveraineté.

Dans ce contexte, la RDC appelle la communauté internationale à maintenir et à renforcer son engagement. Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment les résolutions 2348 (2017), 2625 (2022), 2765 (2024), 2738 (2024) et plus récemment la résolution 2773 du 25 février 2025 – adoptée à l’unanimité – reconnaissent la gravité de la situation. Elles appellent notamment à :

– Un cessez-le-feu immédiat ;
– Le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais ;
– La fin du soutien au M23/AFC ;
– L’ouverture de couloirs humanitaires et la réouverture des aéroports de Goma et Kavumu ;
– La transparence sur le transfert d’armes au Rwanda ;
– La révocation du statut du Rwanda comme pays contributeur aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies ;
– La mise en place d’un embargo strict sur les minerais exploités illégalement dans les zones de conflit.

La mise en œuvre effective de ces résolutions est aujourd’hui plus urgente que jamais. La République Démocratique du Congo en appelle à une pression internationale ferme, cohérente et responsable pour mettre fin à cette guerre injuste.

Notre peuple a trop souffert.

Mesdames et Messieurs,

Au-delà de cette crise sécuritaire, la République Démocratique du Congo demeure résolument engagée en faveur de la paix, de la stabilité régionale et du développement durable. C’est dans cet esprit que nous abordons notre participation au g7+, en tant que membre porteur d’espoir, d’expérience et de vision.

Notre pays nourrit de grandes aspirations au sein de cette plateforme. Nous croyons profondément en la force du multilatéralisme solidaire et en la capacité de nos États à transformer leurs vulnérabilités en leviers de résilience. En ce sens, la RDC appelle de ses vœux un renforcement du g7+ autour d’une vision commune, centrée sur :

– La consolidation de la paix, à travers un appui accru aux mécanismes de réconciliation, de justice transitionnelle et de reconstruction post-conflit ;

– La construction de l’État, en soutenant les efforts de réforme institutionnelle, de gouvernance inclusive et de lutte contre la corruption ;
– Le développement durable, en mettant l’accent sur la protection de l’environnement, l’investissement dans le capital humain, la valorisation des ressources naturelles et la digitalisation inclusive.

Ce que nous construisons ensemble, ce n’est pas simplement un cadre de concertation entre pays ayant traversé les tempêtes de l’histoire. C’est un véritable voyage collectif de transformation, une marche solidaire qui nous conduit, pas à pas, des cendres de la guerre, de l’instabilité et de la souffrance, vers la lumière de la paix, de la dignité et du progrès partagé.

Chaque pays membre du g7+ porte en lui les cicatrices du passé, mais aussi les germes de la renaissance. Ensemble, nous prouvons au monde que même les nations brisées peuvent se relever. Que la paix est possible. Que la reconstruction est un acte de foi, une œuvre de patience, mais surtout, un engagement de volonté collective.

La République Démocratique du Congo croit profondément que ce chemin, bien que semé d’embûches, est porteur d’espérance. Car l’espoir est plus fort que la peur, et la solidarité plus puissante que la solitude des États isolés face à leurs crises. Nous croyons en un avenir où nos enfants n’entendront plus le bruit des armes, mais les chants d’écoles, de chantiers, et de vies épanouies.

Nous croyons que, de la cendre des conflits, peuvent naître des institutions fortes, une justice équitable, des économies résilientes et des sociétés réconciliées avec elles-mêmes. Nous croyons en la puissance transformatrice de la coopération entre peuples frères. Et c’est cette foi inébranlable qui nous guide dans notre engagement au sein du g7+.

Mesdames et Messieurs,

Je réitère ici l’appel du Président de la République, Son Excellence Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en faveur d’un soutien renforcé de la communauté internationale – en particulier à travers les organisations régionales, sous-régionales et les mécanismes du g7+ – pour une paix durable dans les régions en crise. Nous avons besoin non seulement de solidarité, mais aussi d’actions concrètes et coordonnées. FIN

Je vous remercie pour votre attention bienveillante, et je nous souhaite une réunion fructueuse, porteuse de décisions historiques pour nos peuples et pour les générations futures.

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